January 23, 2015, Le Monde, Virgile Chassagnon et Isabelle Ferreras, « Nous aussi, nous aimons l’entreprise! »
Toute réforme structurelle en France doit avoir un préalable : établir au sein même de la société un nouveau compromis, productif et démocratique
a France a besoin de réformes structurelles. Voilà certainement l’un des rares constats que la majorité des Français semble partager. Preuve manifeste de l’acuité de la réflexion en cours, le climat social actuel est une poudrière : les professions qui s’estiment « menacées » par le projet de loi Macron se mobilisent, les négociations entre organisations patronales et syndicales sur la représentativité se crispent… Ces troubles ont comme point commun le rejet d’une société engluée dans la crise économique. Le malaise est profond, car il reflète la déconstruction progressive, depuis plusieurs décennies, d’un compromis social productif où les « investisseurs en travail » et les « apporteurs en capital » parvenaient à entretenir l’incessante rengaine d’un « je t’aime moi non plus » qui semblait servir la société entière.